Diversité

La diversité, un chantier qui ne fait que commencer

La diversité est un enjeu contemporain majeur dont toute institution publique et parapublique doit se saisir aujourd’hui. Cela concerne bien évidemment les questions de genre, de racisme, de validisme, d’homophobie ou de transphobie par exemple, mais également la diversité socio-économique, les rapports entre villes, campagnes et montagnes, les rapports entre minorité et majorité linguistique, culturelle, religieuse, etc. L’absence de diversité est synonyme d’inégalités.

Aujourd’hui, ces inégalités quelles qu’elles soient, et les discriminations qui en découlent, ne sont plus à démontrer. Il s’agit désormais d’agir proactivement pour les réduire et in fine les éliminer. Au-delà de l’impératif éthique de lutter contre les discriminations, la diversité représente sans aucun doute une opportunité. Elle permet d’élargir l’accès à la création d’une part, mais également de toucher par la diversité des œuvres que nous soutenons, un public plus large. Pour toutes ces raisons, Cinéforom place la diversité parmi les chantiers phares que nous souhaitons développer à l’avenir. Dans cette perspective, les mesures et les actions que nous développons ci-dessous ne représentent qu’un début.

Agir là où nous le pouvons : la question de la représentation des genres

En analysant nos données statistiques sous l’angle des différentes dimensions de la diversité, il apparaît clairement que nos données sur le genre sont de loin les plus complètes et les plus développées. Il s’agit également de la dimension d’inégalité pour laquelle l’approche statistique est la plus pertinente. La représentation des femmes et des minorités de genre est à la fois aisée à observer, et l’objectif simple à identifier*.

Chaque année, Cinéforom publie dans son rapport d’activité et dans la brochure statistiques un certain nombre de données concernant la répartition des genres par type de films. Dans la brochure La production audiovisuelle romande - Edition 2022, nous faisions le constat suivant : «Depuis la création de Cinéforom, la proportion de films réalisés par des femmes a stagné autour de 33%, avec des fluctuations plus ou moins importantes d’année en année. Si nos analyses démontrent que nos processus sélectifs n’induisent pas de discrimination supplémentaire, force est de constater que la proportion des projets déposés par des femmes reste loin de la parité.»

Focalisant notre analyse dans un premier temps là où nos données sont les plus complètes, nous avons considéré en particulier les soutiens à l’écriture sur les dix dernières années. Il en ressort clairement que le nombre de projets de films portés par des autrice·x·s reste fortement inférieur au nombre de projets portés par des auteurs, aux alentours de 30%, soit dans les mêmes proportions que pour la réalisation. Par ailleurs, cette proportion reste globalement stable au fil des années. Le passage du système sélectif aux bonifications automatiques en 2018 n’a pas eu d’effet sur cette disparité évidente.

Proportion de soutiens par genre dans les aides et soutiens à l’écriture


* La représentation adéquate des genres dans tous les domaines pertinents de l’activité culturelle est un objectif de la politique culturelle de la Confédération, au cœur du Message culture 2021-2024.

Introduction d’une mesure incitative pour réduire les inégalités de genre

Fort de ce constat, le Secrétariat de Cinéforom a formulé une proposition de mesure incitative, afin de corriger l’inégalité persistante que nous constatons et de tenter d’atteindre une répartition des soutiens par genre plus proche des équilibres existants dans la population générale.

La mesure est simple, il s’agit d’augmenter le taux de bonification du soutien complémentaire à l’écriture pour les projets d’autrices ou d’auteurs·x·trices trans, non-binaires, ou d’autres minorités de genre. Après consultation des associations professionnelles et des partenaires institutionnels, le secrétariat a proposé d’introduire un taux de bonification préférentiel à 80%, le taux pour les auteurs restant à 60%. Le Conseil de Fondation a approuvé cette proposition, et la mesure entrera donc en vigueur dès le 1er janvier 2023.

L’objectif n’est pas de pérenniser cette discrimination positive, mais qu’elle porte ses fruits le plus rapidement possible et de façon durable. Le Conseil de Fondation a prévu une première évaluation de l’impact de la mesure après deux années. Si l’effet constaté est trop faible, Cinéforom se réserve le droit d’introduire des mesures supplémentaires, par exemple en augmentant encore davantage le taux préférentiel. Au contraire, si la mesure porte ses fruits et qu’un équilibre paritaire est atteint, il s’agira d’en observer l’évolution de près. En effet, l’inégalité de genre ne sera supprimée que lorsque l’équilibre paritaire sera stable et durable.

Sensibilisation et collaboration

Cette mesure incitative est avant tout un signal qui vise à focaliser l’attention sur une inégalité évidente. Il va de soi que ces inégalités sont complexes et multifactorielles et dépendent de conditions qui prévalent dans l’ensemble de la société et non seulement dans le secteur de l’audiovisuel. Aussi, il est clair que cette simple mesure incitative ne permettra pas à elle seule à résoudre ces inégalités. Cinéforom se réjouit de collaborer avec les associations professionnelles et les institutions partenaires pour explorer ensemble les causes et les solutions à ces problèmes structurels.

Interview de Geneviève Rossier dans Cinebulletin – Une mesure vaut bien tous les constats